Un nain musclé et tatoué, arborant une grosse crête rouge en guise de cheveux, clopinait le long d'une route en terre battue, dont les virages biscornu et les nombreuses caillasse et trou boueux n'aidaient en rien son pas chancelant.
Gortrak, après une belle bagarre avec les Trolls, joyeux, autant que peut l'être un nain suicidaire ayant raté son coup, cherchait pour une auberge, une paillasse et un cruchon.
Au détour d'une caillasse plus grosse que les autres, l'ayant obligé à s'enfoncer jusqu'au genoux dans un des fameux trou boueux, s'en étant extirper tant bien que mal, il entraperçu enfin un gros bâtiment de bois vermoulue, renforcer de pierres moussues ornée de lierres, ou vivaient assurément des colonies entières de petite bêtes nuisibles. Comme il se faisait tard, la lueur des torches et des lanternes éclairait la nuit par les divers orifices qui devaient lui tenir lieux de fenêtres, et des chansons paillardes en provenait, ventant la légèreté de mœurs et la souplesse des filles de l'aubergiste.
Boitant jusqu'au porche, le nain pu mieux admirer la vielle enseigne rouillé qui grinçait ballotée par le vent, représentant une grande et spectrale créature entouré d'une cape noire, qui aurait pu paraitre menaçante, si ce n'était qu'elle s'appuyait sur une béquille de fortune pour compenser la jambe qui lui manquais, tandis qu'elle agitait vainement son épée en direction d'un hobbit hilare et d'une jeune femme blonde lui adressant un geste obscène.
De là ou il était, Gortrak pouvait sentir les relents d'un whisky de frelon frelaté, des épanchement des ivrognes nauséeux, mêler à l'odeur alléchante des pommes de terres épicées, de l'ours à la bière et couronné du doux parfum dégagé par des centaines d'humanoïdes ivres morts dansant le quadrille, une chope à la main et trempant leurs chemises d'autant d'alcool que de sueur.
Le bâtiment, malgré son air miteux, était immense et avait plusieurs étages. Cependant, les poutres grinçantes qui le soutenait, de même que son architecture tordu ne semblait pas rassurer les clients potentiels quant aux risque d'effondrement, d'autant plus que des particules de poussières tombaient du porche à chaque pas de danse des fêtards.
"Haa, voilà un établissement qui à du caractère, selon mon cœur! Venez, trash et mash, mes fidèles haches, allons voir, allons voir si le whisky est bon!"
S'exclama le nain roux avec bonhomie.
Il poussa les battants qui laissèrent échapper un gémissement digne du cri d'agonie des chats géants des montagnes brunes. Et pénétra enfin dans cet antre de perdition.
Comme il s'y attendait, la grande salle était gigantesque. Elle formait un U, partant du mur nord et y revenant, avec en son centre une grande pièce ouvrant sur le comptoir en demi cercle, ou siégeais l'aubergiste le plus grand et le plus moche qu'on puisse trouver. Il avait assurément du sang orc dans les veines...peut être même du sang Troll. Une montagne de muscle et de graisse à l'air revêche, aux dents protubérantes, son crâne chauve reflétant la lueur des torches, alors qu'il essuyait inlassablement une grosse chope de bronze qui dans ses mains ressemblait à une délicate tasse de service à thé elfique.
Ce qui, somme toute, n'aurait pas été si surprenant, car un bon quart de la grande salle, la partie la plus nord-ouest, à demi masquée par des rideaux, abritait un espace plus efféminé, couvert de nappes brodés et emplis d'un nombre impressionnant de pots de fleurs, sans doute dans l'espoir de masqué l'odeur nauséabonde provenant du reste de la pièce. La, quelques rares elfes, le nez plissé et l'air hautain, discutaient à vois basse en langue elfique. Quelques tables plus loin, une poignée de femmes à la mine soigné prenaient le thé avec des airs de conspiratrices, jetant des regards haineux aux serveuses, dès que celles ci avaient le dos tourné.
La moitié de la salle, faisant face à l'entrée, était d'aspect plus banal, disposant des commodités usuelle d'une auberge humaine, incluant un grand foyer de chaque coté, des tables, un espace dégagé ou s'égayait les danseurs, ainsi qu'une scène surélevé, sur une arche au dessus du comptoir, ou des ménestrels dans une sécurité relative tentaient de couvrir le tumulte des chants payards de leur auditoire.
Le dernier quart de la grande salle, situé au nord est, voyait les tables, bancs et autres commodités réduits en hauteur afin accommodés nains et hobbit, faisant la fête de leur coté. La partie du comptoir en demi cercle desservant cette section était aussi moins élevé. Un coin de cette section, ou la pierre des murs prédominait sur le bois, était couvert de tonneaux vides et de cibles multiples, ou des nains s'adonnaient à leurs sport favoris, le lancer de hache.
Un nain debout sur une table essayait de rameuter ses congénères afin qu'ils se prêtent au jeu.
Gotrak se promit d'y faire un tour un peu plus tard.
En attendant, il observait l'auberge, se familiarisant avec les lieux, en prévision du moment ou la l'alcool lui tournerait trop la tête pour lui permettre de se fier à sa vision.
Comme il l'avait deviné, un groupe de mâles humains ainsi que quelques filles aux mœurs légères dansaient en cadence au centre de la piste. D'autres, plus tranquilles, savouraient leurs chopes à leur tables ou près du feux. Entre les tables circulaient 4 femmes d'âges mures et une douzaines de jeune femmes entre l'adolescence et la trentaine, les discussion des clients laissant entendre qu'il s'agissait des femmes et des filles de l'aubergiste. Ont pouvait en effet leurs attribuer une certaine grande taille et un port athlétique, héritage de leur père, mais fort heureusement, pour le reste elles tenaient plutôt de leurs mères.
Désirant serrer la main d'un homme aussi prolifique, Gotrak s'approcha du comptoir...la section naine, il n'aimait pas se sentir regardé de haut, et tout en commandant une chope, il fit un commentaire égrillard sur les hanches d'une jolie brunes servant à une table toute proche. Très vite, il fut soulevé de terre par le collet, alors que l'aubergiste, avec une voie mélodieuse et quasiment chantante, lui tint à peu près ce langage:
"Cher et honoré client, je vous prierais fort respectueusement de témoigner le respect qui leur est dû à la chair de ma chair, dans le cas contraire je me verrai fort chagriné de remplacer les cibles du lancer de haches par votre jolie frimousse."
Puis, la montagne d'homme reposa le vétéran nain sur son siège, avant d'ajouter:
"Voiçi notre spécialité, le whisky de frelon, je vous souhaite mille fois bienvenu à la Taverne du Nazgul Unijambiste!"
Sa surprise passé devant l'étrange bonhomme, Gortrak prit une longue gorgé et poussa un râle de contentement alors que les larmes lui montaient au yeux.
"Haaaaa, on se sent presque comme à la maison ici! ...tient, je croit que je vais me laisser tenter par le lancer de hache!"
Mer 21 Mai - 16:44